J'ai traversé l'enfer - Valerie Colin-Simard
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Valérie Colin-Simard : "J’ai traversé l’enfer"
Vos témoignages

"J’ai traversé l’enfer"

Jusqu’à 30 ans, seule comptait ma vie professionnelle. Journaliste à la télévision, j’étais fière d’être considérée comme efficace, performante, productive. Rentable. Il fallait aller vite, souvent travailler dans l’urgence. J’étais une guerrière. Ma vulnérabilité ? Elle n’avait d’autre exutoire que la dépression. Je "fonctionnais", je l’ai déjà dit, aux anti-dépresseurs. Bref, je me dopais. Pour pouvoir continuer de me battre et de lutter. A 31 ans, mon mariage puis ma grossesse m’ont donné l’occasion de faire une pause. Je suis devenue femme au foyer. Cinq ans de passivité apparente qui m’ont ainsi permis de me reconnecter à ma créativité. J’ai conçu un enfant, écrit mes deux premiers livres, vécu une expérience spirituelle et pris conscience de la nécessité de l’équilibre entre valeurs du féminin et du masculin. Ce fut pour moi cinq ans d’université. Mon métier avait été autrefois mon seul et unique repère. Provisoirement je n’en avais plus. Comme un homard sans carapace (pour reprendre l’image de Françoise Dolto), j’étais devenue trop vulnérable. Même si aujourd’hui, mon ex-mari est devenu pour moi un précieux soutien ; à l’époque, dans ma vie de couple, j’ai traversé l’enfer. J’étais passée d’un extrême à l’autre. J’ai divorcé et cherché du travail. J’ai ainsi pu tester pour la première fois l’efficacité de l’équilibre entre valeurs du féminin et du masculin. Dans le monde du journalisme, les places étaient rares, quasi-inexistantes. Beaucoup tentaient de me décourager : après cinq ans d’absence, disaient-ils, je ne retrouverai jamais de travail dans la profession. Je me suis demandé ce que j’avais vraiment envie (valeur du féminin) de faire (valeur du masculin). Critique littéraire. L’un des nec plus ultra du journalisme. En théorie, c’était encore plus difficile, voire impossible. En pratique, je réussis à devenir critique littéraire dans un hebdomadaire prestigieux.

Valérie Colin-Simard

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