"J’étais plus macho qu’un homme"
"Dans mon entreprise, on m’appelait Xénia. J’étais une amazone. J’avais 26 ans. J’étais commerciale, une VRP. Je vendais des pipes, ça ne s’invente pas ! Sur cent quatre-vingt commerciaux, cinq femmes. Toutes les réunions démarraient par "Bonsoir messieurs". Mon directeur me tapait sur l’épaule en disant "Salut les gars ! ». Je ne frappais pas aux portes, je les renversais. J’étais vindicative. Je raisonnais comme un homme, j’étais plus macho qu’un homme, j’avais le verbe haut et fort comme un homme. L’humour de caserne ne me faisait pas peur. « Toi, t’es mon pote avec des seins » m’a lancé un jour un de mes collègues.
Ce jour-là, j’ai eu un déclic. J’ai été choquée. J’ai fini par quitter cette société. J’ai fait une dépression nerveuse. Je ne savais plus qui j’étais. Les six premiers mois, j’avais des crises d’angoisse parce que je n’avais plus d’objectifs à réaliser. Il m’a fallu deux ans de chômage pour arriver à me rendre compte que j’existais au-delà d’une carte de visite ou d’une identité professionnelle. Pour me désintoxiquer du « faire ». Oui, cela a été une vraie désintoxication. Je me suis rendue compte que j’avais à apprendre à vivre.
Aujourd’hui, j’ai expérimenté les extrêmes de l’hyper-activité puis de la passivité, je reviens au milieu. Je travaille dans le monde de la communication tout en prenant soin de mon corps, de ce que je ressens, de ce que je suis.
Anne-Marie